Inutile désormais de compter les mois, les jours et les heures qui ont fait de nous des martyres du jeu vidéo depuis l'annonce de Metal Gear Solid : Sons of Liberty sur PS2. Le jeu le plus attendu de la décennie et sans doute le plus bouleversant arrive enfin chez nous, près d'un an après la démo jouable livrée avec Z.O.E. L'attente n'a pas été vaine, et c'est un véritable trou noir qui s'empare du joueur du début à la fin, transformant toutes les priorités d'hier en préoccupations futiles et désuètes, alors que l'on n'a plus qu'une seule question existentielle à l'esprit : peut-on oui ou non sortir indemne de MGS2 ? Si vous êtes de ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de mener l'épisode PSX dans son entier, vous vous demandez peut-être pourquoi tant d'éloges à propos de Metal Gear Solid 2. L'explication est difficile à énoncer en quelques mots, mais il suffit de jouer ne serait-ce qu'une heure à MGS2 pour prendre conscience du gouffre qui sépare ce soft des autres titres 128 bits. Plus qu'un simple jeu, c'est une véritable expérience à vivre, et il ne faut que quelques minutes pour être pris malgré soi dans la spirale du scénario et dans celle du gameplay, tant chacun des éléments constitutifs du soft semble avoir été mûrement pensé et réfléchi pour s'agencer de façon parfaite dans le schéma global. MGS2, c'est 10 fois ce que l'on a pu ressentir dans MGS, et il serait sacrilège de passer à côté.
En mode Evasion, le radar peut se transformer en caméra pour vous permettre de suivre les déplacements des gardes.
J'imagine que tout le monde connaît le principe de Metal Gear Solid. Présenté comme un jeu d'action/infiltration tactique, MGS2 constitue LA simulation furtive par excellence ! C'est-à-dire que contrairement à la majorité des softs qui ne se terminent qu'en nettoyant les niveaux des ennemis qui les peuplent, le titre de Kojima privilégie la ruse et pénalise la violence gratuite. En d'autres termes, il faut en permanence la jouer fine et avancer dans l'ombre, parce que si l'on commet l'erreur de descendre un homme sans y être contraint et sans prendre le maximum de précautions, ce sont les assauts des renforts qu'il faut essuyer trois secondes après, des soldats d'élite bien armés et bien protégés qui ne vous laisseront que la fuite comme échappatoire.
La vue subjective est mise à contribution lors des scènes de shoot.
Heureusement pour nous, les possibilités d'action ont été décuplées par rapport à l'épisode précédent, atteignant ici un tel niveau de réalisme que l'on se retrouve parfois devant des subtilités réellement bouleversantes. Dans MGS2, on ne se contente pas seulement de traîner les corps pour les dissimuler ; on les secoue pour vider les poches, on les planque dans des casiers, on les balance par-dessus bord, et on s'en sert comme bouclier lorsqu'on se retrouve cerné par des soldats trop humains pour oser faire feu sur leur camarade. L'intelligence artificielle est ici poussée à l'extrême et ouvre des possibilités tactiques qui surclassent tout ce qui avait été vu jusqu'alors.
Combien de temps ce camouflage va-t-il faire illusion ?
Car potentiellement, tout ou presque peut vous trahir ! Les tirs issus d'armes non munies d'un silencieux, mais aussi les bruits de vos pas sur les grilles métalliques, les traces humides laissées sur un sol sec, l'extrémité de votre ombre, et même le moindre frémissement que vous ferez en vous tassant au fond d'un casier seront les traîtres témoins de votre présence. Mais toute cette exagération de détails ne joue pas forcément en votre défaveur. En contrepartie, rien ne vous empêche de vous suspendre sur une balustrade pour contourner un garde en approche, et passer ensuite dans son dos pour l'étrangler, l'assommer, le paralyser ou simplement le menacer pour l'obliger à abandonner des munitions. Le déguisement et les caisses en carton constituent toujours un leurre particulièrement efficace. Impossible de ne pas être ébahi par le moteur du jeu qui gère les interactions de façon très poussée avec l'environnement, et qui réalise des prouesses techniques phénoménales.
On retrouve des têtes connues.
Mais Metal Gear Solid, c'est aussi un scénario de folie qui ne dévoile jamais les réponses aux questions qu'on se pose, et qui au contraire multiplie les rebondissements et les révélations inattendues, faisant germer encore davantage d'interrogations dans l'esprit du joueur souvent dépassé par le déroulement de l'intrigue. Le jeu n'est pas particulièrement long, tout au plus une quinzaine d'heures, mais l'efficacité de son scénario et l'intérêt des phases de jeu font que l'on a de cesse de relancer le jeu depuis le début pour se faire plaisir, parce que l'envie est trop forte. Les boss bénéficient tous d'un charisme certain, mais mieux vaut bien avoir en tête l'épisode PSX pour appréhender toutes les ramifications de la trame scénaristique. A ce propos, si vous commencez la partie en disant que vous n'avez pas terminé le premier MGS, vous louperez toute la première partie du jeu avec Snake... J'en ai peut-être déjà trop dit, mais le conseil s'imposait toutefois pour vous éviter de passer à côté de l'essentiel. Vous l'avez certainement déjà réservé si vous êtes possesseur d'une PS2. Dans le cas contraire, la sortie d'un bundle regroupant le jeu plus la console devrait achever de vous convaincre.